top of page

Prendre soin de l'équipe grâce à la défaite qui fait mal

Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Plus l’enjeu est important, plus il devient crucial de performer à la hauteur de son potentiel. C’est également à ce moment qu’on a tendance à être obnubilés par la cible à atteindre ou la menace à éliminer. Notre vision périphérique rétrécit. Le poids s’installe sur les épaules, la tension dans la mâchoire, la peur dans le ventre, la qualité du sommeil diminue et ainsi de suite… Nos activités de base pour prendre soin de nous prennent le bord. Chacun dans son silo en mode survie ! Éventuellement, la cible est atteinte ou pas, la menace est mitigée ou pas, et on poursuit la route jusqu’au prochain cycle…

Est-ce que je décris une expérience familière ?


Pour être bien, intéressons nous à la qualité de nos relations


Pour être bon, il faut être bien. C’est un mantra qui m’anime depuis une dizaine d’années. Je suis de plus en plus intéressé au sens à donner à “être bien”. Parce que notre bien-être dépend de la qualité de nos relations, j'essaie d’offrir aux équipes que j’accompagne la possibilité de s’observer et de cheminer en nourrissant les liens humains au cœur de l’expérience de performance.


La défaite crève coeur comme source d’apprentissage


Laisse-moi te raconter une expérience récente avec l’équipe de soccer de mon fils de 11 ans. J’agis comme entraîneur-adjoint en charge de la préparation mentale. Je te partage cette histoire parce que cette fois, j'ai été dans les montagnes russes émotionnelles avec l’équipe. C’est beaucoup plus difficile dans ces moments-là que lorsque j’accompagne un comité de direction d’entreprise où j’ai du recul !


C’est le tournoi de fin de saison. Les garçons remportent facilement leurs deux matchs le samedi… Mais nous, les coachs, restons toutefois sur notre faim. On dirait qu’ils ne sont pas au même niveau que lors de leurs meilleurs matchs pendant la saison. C’est vrai que leur dernier match remonte à plus de trois semaines déjà.


Le dimanche matin, c’est notre grand test. On joue contre une équipe réputée rapide et solide. Avec une meilleure opposition, nos joueurs arrivent à se rapprocher de leur meilleur niveau. Il reste quelques secondes au temps imparti, le score est de 0-0 et on obtient un tir de pénalité sur la dernière action du match. Victoire 1 à 0. C’est l’euphorie ! À 9h53 le matin, un peu tôt pour être au paroxysme émotionnel, quand l'objectif consiste à se rendre en finale à 16h00...


ree

En demi-finale, nous jouons contre l’équipe qu’on a battue la veille 5 à 1. On arrive confiant. Le plan de match est bon et clair. Dans l’action, la mise en oeuvre du plan est une toute autre affaire parce que l’adversaire devant nous est plus rapide et plus solide. Rien à voir avec la veille. Faut s’ajuster. Avec 5 minutes à faire…L’autre équipe prend les devants 1-0. Le doute s’installe. C’est dur. Et 2 minutes plus tard on marque - sauf qu’on est hors jeu. On passe de l’euphorie à l’incrédulité. Puis, quelques secondes plus tard, on réussit à égaliser. Wow. C’est beau le sport. N’est-ce pas? Mais maudit que c’est difficile pour les nerfs! Haha. Je suis tendu… On va en tirs de barrage. C’est la défaite. Difficile à avaler.


J’essaie de ramasser les troupes, aux sens propre et figuré. Il se met à pleuvoir. Nous allons sous un arbre. Les pleurs sont au rendez-vous. Que s’est-il passé ? Il est encore trop tôt pour répondre à cette question. Un cocktail émotionnel est au rendez-vous. J’essaie de désamorcer la situation en distinguant le résultat de l’effort. Ce matin-là, un coup de pied nous avait amenés au summum de la joie; cet après-midi, un coup de pied nous amène maintenant à l’opposé. Je demande aux gars de relever la tête. Ils y arrivent, bien que ce soit long pour certains. Puis j’insiste pour que nous fassions notre cri d’équipe avant de nous laisser. Il faut reconnaître que nous avons besoin de digérer la défaite.


En soirée, je réalise que sur le coup de l’émotion, j'ai essayé de rester la personne forte qui tient l’équipe. Avec quelques heures de recul, je comprends que j’ai moi aussi des émotions à vivre. Je commence à voir plus clair. Des besoins émergent : honnêteté, connexion, congruence. Ma feuille de besoins et sentiments est toujours à portée de main ;-)


Revisiter la préparation mentale


Je t'amène dans la stratégie de préparation mentale que j’avais déployée pour le tournoi… J’avais dit aux gars qu’on ne contrôlait pas totalement le résultat et donc qu’il ne fallait pas le laisser prendre le contrôle de notre expérience. Ce que nous contrôlons, c’est notre effort et notre comportement. Pour se rappeler des comportements à pratiquer, nous allions à nos matchs en répétant des mots clés. Au niveau technique, on se disait : “le collectif, le bloc et le changement de côté”. Au niveau mental : “le résultat, on s’en fout, c’est le comportement qu’on contrôle”. C’est la tournure de phrase que les gars avaient retenue, qu’ils répétaient en chœur ; c’était beau et rassembleur.


Au paroxysme de la victoire du matin, j’avais pu les aider à maitriser leur euphorie en quelques minutes avant d’aller serrer la main de l’autre équipe. Mais un peu plus tard, au cœur de l’émotion de la défaite, cela ne s’est pas du tout passé ainsi.


Je trouvais que notre expression “le résultat, on s’en fout” sonnait faux. J’ai dormi là-dessus.


Traiter les émotions en équipe


Le lendemain, pendant mon écriture réflexive matinale, les choses se placent dans ma tête pour me propulser vers l’action . D’abord, je communique avec les parents pour obtenir de la rétroaction sur l’expérience émotionnelle de leurs enfants la veille au soir. Puis, je m’aligne avec mon collègue coach en vue de la pratique qui a lieu en soirée le jour même.


Quelle chance de pouvoir faire ce debrief 24 heures après les événements! Nous prenons les 20 premières minutes de la pratique pour revenir sur notre tournoi. La première partie de la conversation sert à normaliser la situation: on parle de ce qu’on a mangé pour souper et de comment on s’est divertis. Puis après, nous abordons les émotions et les sentiments.


Je demande aux joueurs : est-ce que c’est vrai que le résultat, on s’en fout ?


“NOOOOON !!!!” Et on éclate de rire.


On rit aussi en nous imaginant la veille, sous la pluie, en train de faire notre cri d’équipe sous l’arbre, en pleurant. La porte est ouverte pour aller plus en profondeur. Les gars parlent de l’effet de surprise, de la colère, de la tristesse, de la culpabilité et de leurs stratégies pour prendre soin d’eux dans cette situation. Certains veulent aussi revenir sur des décisions ou comportements de la veille. Un joueur s’excuse en disant qu’il aurait dû laisser son coéquipier prendre un coup franc, que peut-être il aurait réussi, lui, à marquer. Un autre joueur dit qu’il comprenait que son collègue défenseur ne l’avait pas vu, même s’il était libre, avant de faire une passe à un autre joueur qui allait mener à une interception et à un but contre nous. Nous, les coachs, partageons aux garçons qu’on réalisait qu’on avait oublié dans la préparation de pratiquer les tirs de pénalité. C’était un doux moment.


Sous stress, tout le monde fait de son mieux et parfois cela ne se passe pas comme on le voudrait. Nous vivons cela dans toutes les facettes de nos vies. C’est important de ne pas porter de jugements sur ses coéquipiers quand ils ne font pas ce qu’on pense qu’ils devraient faire.


Nous nous mettons d’accord pour dire que chaque joueur et chaque entraîneur fait de son mieux pour l’équipe, même quand c’est moins évident ou que cela puisse avoir l’air d’une attitude ou d’un comportement contraire à nos attentes… Cet exercice permet de connaître les jeunes sous un tout nouveau jour. Nous ne restons pas seuls avec nos ressentis difficiles. Nous nourrissons nos liens grâce à l’adversité et aux émotions vécues !


Ça commence par le leadership


À titre de leader, on a une immense influence sur nos équipes. Si j’ajoute une couche d’intimité à mon partage, je note que pendant notre week-end, nous avons été très exigeants en tant que coachs et parfois même impatients quand nous n’obtenions pas ce que nous demandions aux gars.


Trop souvent, notre expérience sous stress est conditionnée par une croyance inconsciente qui ressemble à “si on gagne on s'aime et si on perd, on ne s’aime pas”. Ou en nuances: on s’aime beaucoup dans la victoire et on s’aime moins dans la défaite. Comme si la qualité du lien à soi et aux autres était conditionnelle à ce que les choses se passent comme prévu.


Pendant le tournoi, à un moment où on a exprimé de l’insatisfaction en tant qu'entraîneurs, j’ai senti une perte de confiance dans le visage de fiston. C'était venu me chercher dans le ventre. On était en train de créer l’opposé de l’effet désiré.


Voilà pourquoi c’était important pour moi de revenir vers les gars. Voilà pourquoi le résultat, on ne s’en fout pas. Gagne ou perd, on accueille le résultat comme un merveilleux intrant pour transformer l’expérience vécue entre nous en apprentissage pour devenir de meilleures personnes.


Un parallèle avec les équipes en entreprises


À l'instar de l’équipe de soccer de mon fils, les équipes de travail vivent des victoires et des défaites. Les objectifs de vente fracassés, les records de production atteints et la signature de partenariats majeurs suscitent la célébration, tandis que les plaintes de clients, les problèmes de qualité et les difficultés financières génèrent du stress.


Or, il arrive aussi que certaines “victoires” laissent un goût amer et que certaines “défaites” fassent grandir l’équipe. Qu'est-ce qui change ? L’importance qu'on accorde à notre expérience humaine entre nous.


Dans le sport comme en affaires, en consacrant le temps et l’espace nécessaires pour vivre ensemble les hauts et les bas de la vie en organisation, les liens entre les membres de l'équipe gagnent en richesse et en profondeur.



Commentaires


info@canuinc.com

514 318-2268

  • LinkedIn - White Circle
  • Facebook - White Circle
  • YouTube - Cercle blanc
  • Instagram - Cercle blanc

© 2025 par CANU

Restez à l'affût. Inscrivez-vous à notre infolettre!

Merci! Au plaisir de connecter!

bottom of page