Secret de DG: la preuve que prendre soin sous stress augmente la productivité
- Maxime Boilard
- 31 oct.
- 5 min de lecture
🎙️Pour écouter une version podcast de cet article: (voir note)
Plus l’enjeu est important, plus il devient crucial de performer à la hauteur de son potentiel. C’est également à ce moment qu’on a tendance à être obnubilé par la cible à atteindre ou la menace à éliminer. Notre vision périphérique rétrécit. Le poids s’installe sur les épaules, la tension dans la mâchoire, la peur dans le ventre, la qualité du sommeil diminue et ainsi de suite… Nos activités de base pour prendre soin de nous prennent le bord. Chacun dans son silo en mode survie !
Pour être bon, il faut être bien. Pour être bien il faut savoir comment ça va, comment on se sent réellement. Nous sommes nombreux à fuir cette question parce qu’on ne sait pas comment y répondre ou qu’on a peur de trouver une réponse avec laquelle on ne veut pas avoir à négocier.
“Faites ce que je dis et pas ce que je fais!”
J’accompagne le leadership d’un organisme en croissance spectaculaire. L’équipe de direction a été mise en place il y a un peu plus d’un an. L’année 2025 est historique pour l’organisation, qui a remporté un contrat l’amenant à multiplier son chiffre d'affaires de manière significative. La DG a l’habitude de prioriser les autres quand son équipe est sous pression. Elle n’est pas la seule à faire ça! Parfois, sous stress, on peut agir à partir de la croyance “il suffit d’être bon” et oublier “il faut être bien”.
Pendant l’une de nos rencontres de coaching individuel, on a parlé de l’exemplarité du leader. Au comité de direction précédent, la Directrice des finances avait exprimé des préoccupations par rapport à la santé de l’équipe, et celle de la DG en particulier. On voyait le surmenage dans le teint de certains directeurs, malgré la période estivale. Tu vois ce que je veux dire? La directrice des finances lançait une alerte: si on perd notre DG en burnout, on est dans la merde. La DG était consciente qu’elle envoyait le mauvais exemple à son équipe en ne prenant pas ses vacances en raison des grands enjeux d’affaires auxquels était confrontée son organisation.
Est-ce qu’être conscient d’un problème est suffisant pour le régler? La réponse est non. Il faut créer un engagement et générer du mouvement dans cette direction. Le plan de coaching individuel a permis à la DG de s’engager concrètement à se reprendre en main.
Un cheminement individuel et collectif

Au comité de direction suivant, la DG a communiqué son engagement à se reprendre en main et cesser de se sacrifier pour la cause en priorisant les autres. Cela m’a donné envie de proposer que nous commencions la rencontre par un tour de table pour répondre à la question suivante: Comment est-ce que je prends soin de moi? L’équipe entre dans une nouvelle phase de son projet d’expansion dans les 6 prochains mois. Le stress ira en augmentant. La marge d’erreur, elle, diminuera. Il faudra prendre des décisions et faire des deuils. Tu comprends le scénario? Je pensais que la conversation allait prendre une vingtaine de minutes et qu’on allait entrer dans le rituel habituel de suivi des priorités. Mais non: le tour de table a pris 60 minutes. Nous n’étions plus une équipe de directeurs sous stress, mais bien un groupe d’humains qui savent prendre soin d’eux et partager avec candeur et vulnérabilité.
Vous ne serez pas surpris si je vous dis que les 5 éléments qui ont le plus ressorti sont:
la nature
l’activité physique
les moments en solo
la connexion avec les proches
les activités culturelles.
Trois heures plus tard, quand nous avons évalué la rencontre, tout le monde était d’accord pour dire que l’exercice du début de la rencontre avait été un moment marquant pour l’équipe.
Un mois plus tard, je retrouve la même équipe pour son comité de direction. Je leur demande d’identifier un geste qu’ils ont posé dans le dernier mois pour prendre soin d’eux, en lien avec leurs bonnes idées et stratégies partagées le mois précédent. Je leur demande aussi d’identifier le plus grand stresseur actuellement dans leur vie. Mon objectif est double avec cet exercice d’échauffement. Je veux envoyer le message que ce qui s’est passé il y a un mois n’était pas un coup d’épée dans l’eau! Il s’agit d’une réelle intention qui va durer dans le temps. Puis, en identifiant le stresseur principal de chaque personne, on normalise l’expérience du stress et on peut ainsi mieux le traiter en équipe.
À la suite de ce tour de table, quelqu'un s’est exprimé: « la majorité de nos sources de stress relève de la vie personnelle! » Cette observation a créé une nouvelle présence dans la salle. On est en train de vivre les plus grands défis professionnels de nos vies et malgré ça, on reste des êtres humains entiers, capables de prendre soin d’eux-mêmes et habités par d’autres défis que le travail.
Prendre soin de soi et de l'équipe, qu'est-ce que ça donne?
Quand on juxtapose les réponses du tour de table aux questions « qu’est-ce que j’ai fait pour prendre soin de moi » et « quel est mon plus grand stresseur », incluant la conversation qui s’en est suivi, voici ce qu’on obtient:
La quête constante de l'équilibre peut elle-même devenir une source de stress, surtout face aux multiples responsabilités familiales et professionnelles. Pourtant, au milieu de ces défis — qu’il s’agisse de gérer la rentrée scolaire, la douleur physique, ou jongler avec des systèmes technologiques à déployer — émerge une richesse inestimable : la réalisation que prendre soin de soi n'est pas un luxe, mais le fondement même de notre réussite et de notre productivité en tant qu’équipe.
Productivité maintenue, voire améliorée : En s'organisant de façon à être « à 100 % pour moi », on découvre que la productivité « n'est pas plus basse », elle est simplement « mieux organisée ». Il s'agit de gérer des attentes réalistes et de prioriser ce qui compte.
Clarté mentale : Le fait de se créer des opportunités pour combler son « besoin de connexion » — que ce soit avec des collègues, des amis ou la famille — permet de ne plus avoir « le nez collé sur l’arbre, mais de voir la forêt ». Des outils comme la méditation assistée aident à profiter du moment présent, arrêtant ainsi le hamster qui tourne constamment sur ce qui reste à faire.
Résilience physique et émotionnelle : Les efforts délibérés, comme trouver une routine pour aller au gym trois fois par semaine, pratiquer le vélo ou le camping, ou aller à des rendez-vous de massothérapie; ça fait du bien au physique et au mental. Ces gestes sont cruciaux pour contrer le stress accumulé, d'autant plus que, lorsque le corps fait mal, tout le reste est affecté.
L'ancrage et les petits succès : Qu’il s’agisse de réussir à mettre ses lunettes de côté en rentrant à la maison pour ne pas voir le désordre, de faire les leçons des enfants à l'extérieur dans un parc, ou de s'assurer d'avoir un bon sommeil, chaque action constructive permet de s'inspirer les uns les autres et de s'ancrer dans le réel.
Les résultats que je viens de vous présenter sont tirés d’un exercice d’une trentaine de minutes qu’on a fait en début de rencontre. À ce moment-là, on ne le savait pas encore, mais les heures qui allaient suivre ont permis de réaliser que pour cette équipe, le mois de septembre a été le plus productif de l’année en termes d’exécution des priorités du plan d'affaires.
Une fois de plus, la preuve est faite: prendre soin de l’humain en équipe engendre de la résilience organisationnelle.
Note: Nous expérimentons avec les technologies! La version podcast de cet article a été créée avec l'IA. Qu'en avez-vous pensé?
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